Que ce premier album de Dajla s’annonce comme l’un des disques les plus attendus de l’année, on ne s’en étonne pas, mais qu’il soit assurément l’un des meilleurs de l’année 2006, on peut d’ores et déjà l’annoncer. Soul Poetry porte bien son nom. Ce petit miracle de soul hypnotisante nous plonge dans le même apaisement immédiat que le premier opus de Jill Scott. Il faut savoir d’emblée que Dajla, franco-tunisienne, a grandi auprès de parents amateurs de musique, s’est essayée au piano dès l’âge de 6 ans avant d’être bassiste dans un groupe californien à 18. Si ses expériences de clavier puis de bassiste-choriste n’ont d’abord pas été concluantes, celle de chanteuse s’avère ici totalement adéquate. Car en vraie musicienne, Dajla est une chanteuse dont la voix swingue. Et si ce sont ses expériences américaines (de Los Angeles en passant par New York) qui l’ont amenée à être suffisamment sûre d’elle pour prendre le micro, on peut, cette fois-ci, remercier l’Amérique ! Et Benjamin Bouton, producteur et multi.instrumentiste qui semble avoir trouvé en Dajla sa moitié musicale. Au programme, du jazz, de la soul et ce mystère si particulier du groove lorsqu’il sait être cinématographique comme Soul Poetry. Car les émotions ressenties à l’écoute de l’opus sont particulières et renvoient à la mémoire visuelle ou à des images mentales créées de toutes pièces : le plein soleil du Los Angeles de David Lynch, les pluies londoniennes sur la vitre d’une voiture, Paris en plein cœur de la nuit ou tout simplement…. un club de jazz. Longue vie à Dajla!
Par Sandie Ornat
